Un méandre parmi d’autres

Entre Paris et son estuaire, la Seine d’innombrables méandres, lesquels se font de plus en plus fréquents à l’approche de la capitale. Le territoire de l’Agglomération Val Parisis, sur sa partie longeant le fleuve, n’échappe pas à la règle : sur environ 8 kilomètres, les rives du fleuve opèrent une courbe, baignant Cormeilles-en-Parisis, La Frette-sur-Seine et Herblay-sur-Seine. Si vous n’êtes qu’à une vingtaine de kilomètres de Paris à vol d’oiseau, le sinueux itinéraire rend la distance par le fleuve largement plus importante : depuis le point kilomètre zéro, situé au port parisien de l’Arsenal (proche de la place de la Bastille), la Seine s’étire sur plus de 60 kilomètres jusqu’ici. Située entre la halte fluviale de Bougival et le port de Conflans-Sainte-Honorine, en aval, la partie du fleuve ici présente voit passer chaque jour des dizaines de péniches, reliant le port fluvial de Gennevilliers (le plus important de France) et les ports de Rouen et du Havre, dans un ballet soigneusement géré et permettant d’approvisionner la région parisienne. Si aucune installation portuaire industrielle n’existe ici, les berges, résidentielles, constituent un magnifique linéaire de promenade.

De Cormeilles à Herblay

Si les berges de Cormeilles-en-Parisis sont les moins étendues, elles sont aujourd’hui inhabitées, bien que cette situation ne soit pas amenée à perdurer. En effet, est en cours de construction ici le futur quartier Seine Parisii (voir plus loin). En poursuivant vers le nord, voici La Frette-sur-Seine. Territoire des peintres impressionnistes du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle, ses paysages sont restés immuables. En parcourant les berges du sud vers le nord, vous traversez une vaste zone dédiée aux sports et aux loisirs, avant de suivre le quai de Seine. De jolies maisons bordent les berges qui peuvent ici faire l’objet d’une jolie promenade, piétonne ou cycliste. Quelques habitants permanents ont fait le choix de vivre sur les péniches, amarrées là. Surnommée « La Perle du Val d’Oise », la Frette-sur-Seine est résolument tournée vers le fleuve. Un club nautique permet la pratique de la voile, et un débarcadère pour les bateaux de croisières existe ici. La vocation touristique de la ville s’affirme, mais la vie locale n’en est pas moins intense aux beaux jours le long du fleuve. Les restaurants et guinguettes sortent leurs terrasses, parfois jusqu’aux quais, lesquels ont fait l’objet d’une jolie réhabilitation. En poursuivant vers le nord, vous arrivez ensuite à Herblay-sur-Seine. Si le nom de la ville fait référence au fleuve depuis 2018 seulement, ce n’est pas un hasard : c’est le témoignage d’une volonté de bien indiquer que la ville, connue également pour ses zones commerciales situées à quelques kilomètres, est d’abord et avant tout une cité dont l’aspect fluvial mérite d’être connu.  Au quai de Paris succède ici le quai du Génie, dans un environnement similaire à celui que vous avez découvert à la Frette-sur-Seine. Ici aussi, les berges ont en grande partie été aménagées, et vous pourrez ponctuer votre itinéraire de pause sur les nombreux bancs prévus. Arrivés au niveau de la Maison du Passeur, une jolie bâtisse de couleur ocre qui est le cadre d’un chouette restaurant, vous pourrez faire une pause dans votre parcours. Ici aussi, les étés sont animés. Plus loin, le caractère résidentiel des quais s’affirme davantage, et la quiétude des lieux est totale – à peine est-elle troublée par l’activité du club nautique de la ville, qui vous offre de nombreuses possibilités, allant de la pratique de la voile à celle du ski nautique. Au quai du Génie succède celui de Gaillon, puis le chemin de halage : les maisons se font plus rares, et les espaces naturels prennent le relai sur les deux rives. Face à vous, l’Île d’Herblay (voir plus loin). Notez enfin que les berges de Seine sont partie intégrante de l’itinéraire cycliste « La Seine à vélo ». Ce dernier, qui relie la capitale à l’estuaire, file jusqu’à Rouen où il se divise en deux parcours : le premier rejoint Le Havre par la rive droite, le second Deauville par la rive gauche. Sur le territoire de l’Agglomération Val Parisis – qui est logiquement stipulée parmi les points d’intérêts – le linéaire est très aisé pour les cyclistes. Nombreux sont celles et ceux qui se contentent de parcourir que ce dernier : ils ont mille fois raison !

Les peintres impressionnistes

On évoque souvent Pontoise comme lieu d’inspiration principal des peintres impressionnistes : c’est faire l’impasse sur les bords de Seine situés ici, et qui, eux aussi, ont marqué cette école de peinture en raison des nombreuses œuvres qui y ont été réalisées. La nature, la Seine et les reflets du ciel dans le fleuve ont constitué autant de possibilités artistiques, bien saisies par de grands noms. C’est en effet dans les années 1840 que les peintres sortent de leurs ateliers parisiens pour peindre les paysages en immersion totale avec la nature. L’ouverture d’un réseau ferré mettant les lieux à quelques dizaines de minutes de la capitale seulement, rendant les déplacements largement plus efficaces, donnent ainsi la possibilité aux disciples de l’école dite « de Barbizon » de prendre le grand air. C’est ainsi que Diaz, Daubigny, Pissarro, Corot ou Rousseau – pour ne citer que quelques exemples – ont sublimé des espaces dont certains sont restés quasiment identiques. En parcourant les berges de Seine du côté de La Frette, vous aurez l’occasion de découvrir le parcours des peintres. Ce sont ainsi une quinzaine de reproductions d’œuvres, implantées à l’endroit exact où elles ont été réalisées, qui vous sont données à admirer : autant de haltes culturelles qui permettent, au-delà du strict aspect esthétique des œuvres, de réaliser encore davantage la beauté des lieux dans lesquels vous vous trouvez. Notez qu’en parallèle, c’est en vous éloignant de quelques kilomètres vers les terres, du côté de Cormeilles-en-Parisis, que vous découvrez une belle promenade urbaine dédiée à ce courant artistique : intitulée la promenade des impressionnistes, elle se gagne par la rue Auguste Renoir.

Les bacs traversiers

Ils sont deux, et permettent rapidement de gagner la rive opposée de la Seine en une parenthèse fluviale et poétique : les deux bacs traversiers d’Herblay-sur-Seine et de La Frette-sur-Seine sont ouverts aux beaux jours. L’embarcadère du premier se trouve, côté rive droite, au niveau de la maison du passeur, et rejoint les Jardins d’Herblay, d’où vous pourrez marcher le long de la rive dans un cadre champêtre. Le second, à La Frette, vous propose de monter à bord au niveau du ponton situé au niveau du 39, quai de la Seine, et rejoint l’autre rive en quelques instants : ici, aucune habitation, juste la nature et vous. Notez que vous pouvez prendre le premier et revenir avec le second, sous réserve de bien noter les horaires ! Les deux bacs fonctionnent aux beaux jours (beaucoup prennent leur pique-nique pour déjeuner au soleil sur les berges opposées), et sont entièrement gratuits. Uniquement accessibles aux piétons (les animaux sont autorisés), ils vous offrent, au-delà d’une traversée fluviale, la possibilité d’admirer les lieux depuis un point de vue différent : les côteaux s’offrent à vous, et c’est bien ainsi que vous les admirez le mieux.

L’île d’Herblay

Elle semble un peu mystérieuse, et le restera : c’est au niveau d’Herblay-sur-Seine, dans les derniers hectomètres avant d’atteindre Conflans-Sainte-Honorine, que vous pourrez découvrir l’île d’Herblay. Si on ne perçoit pas immédiatement, depuis la rive droite, qu’il s’agit d’une île, c’est parce qu’elle est séparée de la rive gauche par un bras de Seine que l’on n’aperçoit que difficilement. Et pourtant : île à part entière, aucun pont ne la relie à l’une des rives. D’une superficie de 11 hectares, vierge de toute construction, et l’est également de toute visite humaine. C’est en effet un sanctuaire de biodiversité où la moindre intervention humaine est strictement limitée. Ici, les pouvoirs publics ont fait le choix de mettre en place un écosystème fait de mares et de chenaux, avant de laisser la nature poursuivre son développement. Côté flore, ce sont ainsi plus de 100 espèces végétales, dont certaines très rares, qui poussent ici. Ainsi le Potamot à feuilles perfoliées compte parmi les plantes aquatiques que l’on ne trouve qu’exceptionnellement, et qui se sent bien ici ! En parallèle, près de 40 espèces d’oiseaux vivent ici, du cormoran au martin-pêcheur en passant par le héron ou le goéland. Ce n’est pas pour rien que le surnom des lieux est « l’île aux oiseaux ».

Seine Parisii : de la friche à la ville

C’est l’un des plus importants projets d’aménagement du territoire, et qui couvre la totalité des rives situées sur Cormeilles-en-Parisis : le projet Seine Parisii voit progressivement le jour, et devrait profondément modifier les lieux. L’ancienne cimenterie Lafarge, vaste de 600 mètres de longueur sur 200 mètres de largeur, laisse petit à petit à un quartier à part entière. Appelé Seine Parisii, celui-ci sera articulé autour d’un port de plaisance de 110 anneaux (à l’image de celui réalisé à Port-Cergy), de commerces et de restaurants, de 750 logements et de 4 hectares d’espaces verts. Ce véritable morceau de ville, résolument tourné vers le fleuve, fera face à l’hippodrome de Maisons-Laffitte. Si le choix d’une architecture traditionnelle a été fait ici, le quartier sera séparé de La Frette-sur-Seine par plusieurs centaines de mètres d’espaces verts et d’installations sportives, opérant ainsi une transition douce entre la modernité du futur quartier et l’aspect champêtre de sa voisine.